J’ai longtemps hésité à en parler, j’ai brièvement abordé le sujet ici il y a quasiment deux mois, mais il y a un sujet dont j’aimerais vous parler, c’est de la santé mentale quand on est créateur de contenu.
Beaucoup en ont déjà parlé comme JDG, Vilebrequin, ou même Squeezie ! Mais ça reste un sujet qui me tient à coeur et dont je souhaitais vous parler en toute transparence.
La création de contenu, c’est avec l’informatique, le JDR et le JV toute ma vie, je baigne dedans depuis mon adolescence, ai vieilli avec ça, aujourd’hui j’approche de la trentaine, et me pose beaucoup de questions sur ma vie et mon parcours.
Pour faire un rappel, j’ai démarré en 2010 avec une petite chaîne youtube qui aujourd’hui n’existe plus où je faisais des vidéos montées, puis ai bougé de médias à plusieurs reprises, en passant par le stream, plusieurs WebTV, plusieurs collectifs, l’écriture, le podcast, etc…
J’ai pas mal bougé durant toutes ces années, mais plusieurs constantes restaient présentes : la quantité de travail abbattu, la pression des stats, et l’impact de tout ça sur ma santé mentale.
Tout ça, c’est un peu le sujet tabou en France, car le public a l’impression qu’on se plaint quand on en parle, mais j’estime qu’il est important d’en parler malgré tout, car quoi que l’on dise, même dans la création de contenu on peut finir en burnout, et c’est aussi en partie pour ça que j’ai arrêté l’an dernier, car je me suis senti sur les derniers mois usé, lessivé, rincé, cramé.
Parce que le constat est simple, les algorithmes de ces plate-formes de diffusion de contenu sont pas folles, si ton contenu marche et que tu publies à un rythme effrenné, tu es mis en avant, si tu publies pas assez ou marche pas assez à leur goût, tu es relégué au second voire troisième plan.
Et donc tu te retrouves à devoir tenter de suivre à tout prix les tendances, ou faire uniquement la même chose car c’est ce qui fait venir du monde (pour donner un exemple, mes lives sur certains AAA ont clairement été ceux qui faisaient venir le plus de monde, alors que c’était clairement pas les jeux qui me faisaient le plus kiffer).
Ou alors encore pire, à te forcer à produire du contenu quoi qu’il en coûte, ce qui te fais oublier ce pour quoi tu t’es lancé à la base, et clairement c’est ce qui m’est arrivé à une période de ma vie, je vais vous mettre ici deux vidéos que j’ai produites à un an d’intervale, et sur cette année on voit clairement ma descente, ma chute, mon passage de “je fais ça car je kiffe”, à “je me force ne serait-ce pour garder une régularité”.
Pourtant ce sont deux jeux que j’adore, et ce sont deux vidéos où dans ma vie à côté j’étais rincé (la première étant pendant le Covid pendant que j’étais encore à Bordeaux, la seconde j’étais en Bretagne), mais en une année, on peut voir sur mon visage que je commençais déjà à être rincé à cause d’un rythme que je m’imposais.
Je vous rassure, c’est pas la faute du public, mais je considère que c’est la mienne et celle des plateformes de diffusion, car c’est un rythme qu’on se retrouve à s’imposer à soi même si on veut rester “dans le top”, et c’est quelque chose de dangereux.
Toi qui me lis, si tu es créateurice de contenu, tu sais sans doute de quoi je parle actuellement.
Le milieu de la création de contenu n’est pas tout rose, outre les divers dramas, les coups de pute, les regroupements où tu auras forcément quelqu’un qui tire la couverture vers lui au détriment des autres, et compagnie, c’est surtout cette tendance à devoir se forcer à produire en continue tout en étant noyé dans une masse de créateurices qui font la même chose qui va t’user jusqu’à la corde.
Tu vas ronger sur tes réserves, te dire qu’au bout d’un moment ça ira mieux, qu’au bout d’un moment ça va rebondir, mais rien à faire, au fil du temps ça baisse, lentement mais sûrement, jusqu’au point final.
La rupture.
Le choc.
Ce moment où le mur tu te le bouffes.
On s’en rend pas immédiatement compte, mais à un moment, on le ressent durement.
Je ne m’amusais plus à jouer, à vous partager mes contenus, mes découvertes, juste je le faisais de manière mécanique, sans aucune passion, sans aucune âme.
Bref, je m’étais perdu.
C’est aussi pour ça que j’avais arrêté, et hésite grandement à me relancer dans la vidéo, c’est pas l’envie qui manque à vrai dire, mais plus une appréhension, une boule au ventre, et si je recommençais les mêmes erreurs ?
Pourtant j’ai appris la leçon, mais ce système est vicieux, nous accroche aux likes et aux stats comme un junkie et sa dose de came, comme un caféinomane et son triple espresso du matin (je sais de quoi je parle), bref, même si tu tentes de passer outre les stats, ce système fera tout pour que tu t’y accroches comme une huitre à son rocher.
Pourquoi j’écris dans ce cas ? Ça reste de la création de contenu pourtant ! Et c’est un support qui est mort et enterré ! Plus personne prend le temps de lire, les gens préféreront regarder des vidéos, si possible courtes, suffit de voir le succès des Reels sur Insta et de Tiktok !
J’ai grandi avec les médias écrits, les magazines papier et les sites bien écrits, IG Magazine, PC Mag, Canard PC, Gamekult, JeuxVidéo Network.
Et aujourd’hui je me rends compte qu’au final, après toutes ces années à créer du contenu, et à en “consommer”, c’est au final le support écrit avec lequel je suis le plus à l’aise, car je peux prendre mon temps pour écrire, et vous pouvez prendre le vôtre pour me lire.
On prend le temps, dans un temps où on ne prend plus le temps de l’avoir.
Dans une époque où tout doit être instantanné, immédiat, rapide, je me pose devant mon ordi, calmement, avec ma tasse de café, un peu de musique dans les oreilles, et j’écris, je couche sur mon clavier ce que j’ai sur la patate, en toute transparence avec toi, cher.e lecteurice.
Ma vieille amie Ookamiette a trouvé une solution à ça, avec ses vidéos où l’écrit prime malgré tout, et ai passé un long moment à en parler avec elle cette nuit avant d’écrire ces lignes (insomnie quand tu nous tiens, longue histoire ça aussi).
Et c’est avant tout pour elle que j’écris ce texte, en espérant qu’elle ne reproduise pas mes erreurs, qu’elle ne perde pas ce qui la fait vibrer, et surtout qu’elle ne se perde pas elle même.
Ce texte t’est dédié ma vieille, ne fais pas comme moi, ne te perds pas en chemin.
Salut, je commence de mon côté ce chemin. Je pense que c'est important de développer un business avec sa création de contenu, pour pas être dépendant des stats pour les pubs. Surtout que pour le coup, le fait de vendre et faire des stats n'a pas toujours de rapport. Surtout que les pubs sont de moins en moins rémunératrices à mesure que la compétition augmente.